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"Des ambassades de l’eau dans la cité"

"On n’accède pas seul au monde ; on n’y va qu’ensemble, avec d’autres qui disent ce qu’ils voient et comment ils le voient."
René Schoonbrodt, Le regard et la parole, in "Lire la ville", juin 1996

FONTAINES, POINTS D’EAU, LAVOIRS, RIVIERES, PUITS, RUISSEAUX, FLEUVES, CANAUX, MERS ET OCÉANS... autant de lieux de rassemblement ou de passage, de réservoirs de paroles, de points de ralliement où peut circuler une relation vivante et fluide entre les êtres, où l’Autre existe, où passe l’échange et parfois l’entraide. Il est nécessaire de se retremper dans l’histoire pour imaginer l’avenir : au commencement était l’eau.

Le point d’eau : point de départ, de rassemblement des peuples nomades, de fondation des communautés. Le développement social a été conditionné par l’usage de l’eau ; on l’a trop souvent oublié. Reconquérir la ville passe par la mise en valeur de cette évidence.

Aujourd’hui ces lieux d’approvisionnement, de circulation, de vie quotidienne sont réduits à une fonction purement mécanique ou marchande, “ font partie du décor ” ou bien sont laissés à l’abandon quand ils ne sont pas classés “ petit patrimoine architectural ”. Le commerce des hommes ne se fait plus à ces endroits symboliques de la vie en société. L’eau est cachée sous terre, enlevée à nos regards.

L’eau pourrait être cependant un support pour mettre ensemble des populations et pour leur permettre de voir et reconquérir l’espace urbain. Reconquérir la ville, c’est aussi la ré-humaniser. L’eau en est le moyen par excellence : par son caractère naturel : grâce à elle, la nature investit la ville et le citadin est en contact avec elle ; par sa nature symbolique et poétique, l’eau est l’élément qui unit, “ fait le pont ” entre la terre et le ciel ; entre le pratique (la réalité) et “ l’élevé ”, le mythique, le spirituel, l’art...

C’est pourquoi l’association « L’eau est le pont » travaille à la mise en place d’une formation de médiateurs-ambassadeurs de l’eau et souhaite inciter à la multiplication de lieux jouant ce rôle « d’ambassades de l’eau » dans la cité.